mardi 8 décembre 2009

Spécial 17 mai 1997 : La fuite de Mobutu Sese Seko et l'entrée de l'AFDL à Kinshasa



Le 16 mai 1997, les officiers généraux des Faz conseillent à Mobutu de quitter Kinshasa pour autant qu'ils n'étaient plus en mesure d'assurer sa sécurité Kinshasa 13 mars 1997.

La presse est invitée à l'Hôtel Intercontinental, aujourd'hui Grand Hôtel de Kinshasa. Il s'agit d'une invitation gouvernementale et le premier ministre y fera une importante communication. Kengo wa Dondo n'y va pas par quatre chemins. Il tranche : " Kisangani ne tombera pas ".

Et comme pour se donner bonne conscience, il enchaîne en annonçant une " contre-offensive foudroyante des Faz ". Elle ne viendra jamais. Bien au contraire, ce sont les Forces armées zaïroises qui vont détaler les premières.

En fait, 24 heures après cette déclaration, les soldats des Faz pillent la ville de Kisangani. Ensuite, comme un peu à la sauvette, les mercenaires venus en renfort décollent des hélicoptères et fuient.

L'Etat-major général qui avait transféré son quartier général à Kisangani disparaît furtivement pour s'établir à Mbandaka, sans crier garde. D'autres officiers s'embarquent dans les bateaux, empruntent des pirogues ou la route à bord des automobiles comme s'ils venaient de recevoir un mot d'ordre. La ville de Kisangani se vide de soldats de l'armée régulière.

Il ne restait plus qu'à l'Afdl de prendre la ville sans coup férir. C'est ce qui s'est passé.

A partir de ce moment, les jours de Mobutu étaient comptés. Kinshasa était à la portée des éléments de l'Afdl appuyés par les armées rwandaise et ougandaise sans oublier les Erythréens et les Ethiopiens. La chute de Kisangani au mois de mars sera suivie de celle de Kasenga et Kaminales 28 et 31 mars 1997.

Le 4 avril et le 5 avril, les villes de Luena auKatanga, et de Mbuji-Mayi, chef lieu de La province du Kasaï Oriental tombent aux mains de l'Afdl.

MOBUTU - TSHISEKEDI A CAP SAINT MARTIN Devant cette avancée irrésistible des troupes de l'Afdl, des actions diplomatiques se multiplient pour tenter une rencontre entre Mobutu et Kabila. La France et la Belgique s'en mêlent discrètement; l'Onu encourage ce genre d'initiatives brandies comme des tentatives pour éviter une catastrophe humanitaire. Mais en réalité, tout le monde était conscient que les Faz ne résisteraient plus à la force de frappe de l'Afdl. Mais Mobutu est inflexible. Il refuse le dialogue convaincu qu'il ne sera pas vaincu, même diminué physiquement. Et lorsque Tshisekedi, son virulent opposant naturel, se présente à Cap Saint Martin dans sa villa de Nice, dans le prétexte de le réconforter dans sa maladie, Mobutu, très ingénieux, ne rate pas l'occasion. Une fois Tshisekedi à Kinshasa, Mobutu le nomme premier ministre le 2 avril 1997. Malheureusement, les choses se compliquent. Comment?
Tshisekedi, premier ministre élu de la Conférence nationale souveraine s'est toujours considéré comme étant en fonction. Et lorsque cette décision tombe, il refuse de faire la remise et reprise avec Kengo wa Dondo. Entouré de milliers de personnes, il se rend à la Primature pour qu'il soit installé par le peuple, suscitant ainsi une réaction hostile de Mobutu. Des ordres sont donnés pour que Tshisekedi n'accède pas à la Primature. A la hauteur des croisements Boulevard du 30 Juin et Victimes de la Rébellion, à la Place Mandela, son cortège est détourné pour le ramener à sa résidence de Limete. Il s'ensuivra une vive polémique sur cet incident qui ne changera rien aux données de la guerre. Bien au contraire, la fameuse polémique affaiblira davantage le camp Mobutu. C'est sur ces entrefaites que le Maréchal du Zaïre puise dans ses dernières réserves pour nommer un autre Premier ministre, en la personne du général Likulia Bolongo. C'est lui qui fera la remise et reprise avec Kengo wa Dondo, diminué par ses précédentes déclarations sur la ville de Kisangani qui, selon plusieurs dires, était transformée en une forteresse qui a cédé au premier coup de vent. ON M'A POIGNARDE DANS LE DOSR agaillardi par ses victoires faciles, Laurent Désiré Kabila envoie un ultimatum à Mobutu pour qu'il démissionne endéans trois jours en prononçant sa reddition. Toujours encore sûr de lui, Mobutu refuse et déclare qu'il n'a pas d'ordre à recevoir " d'un chef de gang ", mais qu'il est disposé à le rencontrer s'il le lui demande poliment. Hélas, la situation sur le terrain ne joue plus en faveur de Mobutu.

Des villes continuent à tomber l'une après l'autre et les forces de l'Afdl avancent résolument sur tous les fronts, elles sont désormais dans la province de Bandundu en direction de Kinshasa. Lubumbashi, après avoir courageusement résisté grâce aux éléments de la Dsp, est tombée également. Comme pour remonter le moral à ses troupes, Mobutu quitte sa villa de Cap Saint Martin sur la côte d'Azur pour venir à Kinshasa via Pointe Noire où il devrait rencontrer Kabila sur Outenika. Rencontre échouée suite à l'absence de Kabila qui a refusé de faire le déplacement. Mais l'homme qui débarque à l'aéroport de N'Djili est affaibli et amaigri. Il fournit des ultimes efforts. Au Camp Tshatshi, en sa résidence, il affirme que les dés ne sont pas encore jetés. Qu'il demeure au pouvoir et se prépare pour les élections. C'est alors qu'il lâche cette phrase qui va demeurer célèbre comme pour résumer tous les déboires des Faz : " J'ai été poignardé dans le dos ".Par qui? Mobutu, jusqu'à preuve du contraire, est la seule personne qui aurait pu donner une réponse exacte à cette interrogation. Hélas ! Ce n'est plus possible. Mais il n'empêche que plusieurs personnes se soient adonnées à des spéculations sur ses plus proches collaborateurs, surtout de la part de ceux qui faisaient partie du Commandement militaire.

La facilité avec laquelle les militaires dégarnissaient les fronts a favorisé les rumeurs sur la corruption, l'intelligence avec " l'ennemi ".Il nous revient par exemple qu'un différend a opposé le Premier ministre Kengowa Dondo à l'Etat-major des Faz au sujet de l'utilisation, d'un montant de 25millions de dollars destiné à l'achat des armes. En lieu et place d'un matériel pimpant neuf, l'on avait ramené des vieux coucous achetés dans les pays de l'Est qui avaient difficile à prendre des airs. Ne parlons pas de canons qui étaient rouillés et devenus de la mitraille bonne pour la sidérurgie. Les rumeurs se sont davantage amplifiées quand il s'était agi de la présence des éléments de l'Unita aux côtés des Faz. En effet, à en croire certains recoupements, Mobutu sentant qu'il venait d'être poignardé dans le dos, s'était tourné vers son ami Savimbi pour un renfort militaire. Lorsque le chef de l'Unita avait reçu les envoyés spéciaux de Mobutu, il a demandé que lui soient envoyés des experts militaires pour établir la " carte de guerre " de manière décider du déploiement des forces de l'Unita.

Savimbi aurait été surpris d'apprendre que le Maréchal avait besoin de l'argent pour acheter des armes. Connaissant parfaitement son ami, Savimbi serait entré dans une colère noire pour autant qu'il était convaincu que Mobutu en ces moments précis n'avait pas besoin d'argent.

Mais des armes et des hommes pour défendre son régime. C'est alors qu'il a décidé sur le champ d'envoyer des hommes au Bandundu. Ce qui explique le fait que les combats à Kenge aient été d'une rare intensité. Mais les hommes de l'Unita se seraient retrouvés à un moment donné des combats entre deux feux : celui des Faz et des éléments de l'Afdl. Se sentant trahis et pris au piège, ils ont forcé un passage pour se replier vers l'Angola. Ce qui expliquerait la chute de Kenge.GOLIATH ET DAVID. Les Faz avaient une bonne réputation au regard des efforts consentis pour bâtir une armée dissuasive. L'apparence affichée de la Dsp pour autant qu'elle avait bénéficié d'un encadrement éprouvé ne présageait pas une victoire facile de l'Afdl.

Mais surprise lorsque les Kadogo ont fait leur entrée triomphale à Kinshasa en provenance de Kenge. Personne ne croyait ses yeux que ces " bambins ", avaient mis en déroute ces " colosses " qui impressionnaient quand ils se déployaient lors des entraînements militaires ou autres hauts faits d'armes à leur actif. Et pourtant, c'était la dure réalité qui est restée dans la mémoire des Kinois:l'image de David contre Goliath ce 17 mai 1997 pour marquer la fuite de Mobutu et l'entrée de l'Afdl. En effet, le 16 mai 1997, les officiers généraux des Faz conseillent à Mobutu de quitter Kinshasa pour autant qu'ils n'étaient plus en mesure d'assurer sa sécurité. Très tôt matin, le couple présidentiel est à l'aéroport de N'Djili où il s'embarque précipitamment à destination de Gbadolite. Selon des rumeurs, il a été conseillé au pilote de décoller en sens inverse pour éviter d'être atteint par des tirs des éléments de l'Afdl qui seraient déjà à la hauteur de N'sele. L'avion présidentiel décolle pour Gbadolite où Mobutu n'a le temps que de prendre ses affaires pour quitter en catastrophe cette ville.

Moments sont très durs pour lui car très fatigué par la maladie. Quand il apprend que Kinshasa est tombée, il ne résiste plus. Il est embarqué à bord d'un antonov. Quelques éléments de la Dsp désemparés, réalisent que les choses ont changé. On a parlé des tirs en direction de l'avion dans lequel Mobutu avait été embarqué, suivis ensuite du pillage de la résidence du Maréchal. Le couple présidentiel sera accueilli peu après à Lomé avant de rendre au Maroc. Mobutu mourut en septembre 1997.

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